2009. Il est sorti. Le premier Resident Evil sur console Next-Gen (remettez-vous dans le contexte, hein). Après avoir été annoncé la même année que la sortie de son prédécesseur, Resident Evil 5 arrive enfin sur PS3 et Xbox 360. Nous connaissons tous les habituelles moqueries sur Resident Evil 5. C’est devenu assez habituel d’ailleurs de parler de ce dernier lorsque l’on veut expliquer qu’un Resident Evil est mauvais... Etait-ce si compliqué de venir après Resident Evil 4 ? Je pense que oui. Après tout, Capcom avait marqué toute une génération de joueurs avec le quatrième opus de sa célèbre saga horrifique.
Commençons par l’un des éléments ayant fait grandement parler du soft avant même sa sortie. Resident Evil 5 est-il un jeu raciste ? Question que je trouve incroyablement stupide. Oui, le jeu prend place dans une région fictive de l’Afrique où les infectés sont africains et donc sont par conséquent en majorité noirs de peau. Dans le jeu, ce sont des ennemis comme les autres : les américains de Raccoon City, les espagnols de Resident Evil 4, eux-aussi ont fait partis du bestiaire de la saga. Et pourtant personne ne s’en est plaint que je sache. A moins que les africains n'aient pas le droit d'apparaitre dans un jeu vidéo (qu'ils soient du côté des protagonistes ou du côté des antagonistes, hein), je ne vois pas en quoi les infectés de RE5 permettent de classer le jeu comme étant "raciste"... surtout si on les compare avec les ganados de RE4 qui ne donnent pas une superbe image du paysan espagnol.
Autre chose, les personnes jouables ne sont pas montrées en train de prendre leur pied durant l’aventure. Je veux dire ils ne sont pas dans un safari ou le but est d’abattre le plus grand nombre d’africains !!! Soyons sérieux. Certes l’image donnée de l’Afrique n’est peut-être pas reluisante, ou alors conforme à la réalité, mais ce n’est pas parce que le jeu accumule les erreurs ou les clichés qu’il en est forcément raciste. Sachant que les clichés usés par RE5 pour définir la région fictive d'Afrique ne sont pas spécialement offensant, cela ressemble plus à une image commune que les gens se font de ce qu'est l'Afrique. Comme je l'ai dis plus haut, l'image renvoyée par le village dans Resident Evil 4 est bien plus "dérangeante"... Notamment avec la femme ayant une fourche dans la tête, clouée contre une porte dès le début du jeu.
Donc arrêtons avec cette polémique sans grand intérêt. Et arrêtons les interprétations douteuses... Car si nous continuons à tout voir de cet façon, chacun des opus peut être considéré comme raciste envers une catégorie de personnes. Resident Evil 4 avec les européens (le combo village moyen-ageux et château fort, pas mal le cliché) ou bien encore Resident Evil 6 avec sa quantité assez phénoménale d'asiatiques à abattre dans certains chapitres du jeu.
Donc arrêtons ces conneries, voulez-vous !
Resident Evil 5 est absolument magnifique ! Le moteur graphique du jeu est très très bon et nous offre l’un des plus beaux jeux de la Playstation 3. Les environnements sont superbement modélisés, sans oublier la variété de décors que l’on traverse durant l’ensemble du jeu. Que ce soit le village africain du début, les marécages infestés d’autochtones hostiles ou bien le laboratoire secret de fin, les décors sont très réalistes et on sent le soin et le sens du détail. Pour le retour de la série phare de Capcom, on sent bien le savoir faire quand à la qualité graphique du soft. Même aujourd'hui, hormis quelques détails et textures un peu moches, Resident Evil 5 reste un superbe jeu et il était une véritable merveille graphique lors de sa sortie. Une vraie réussite.
Quant aux personnages, ils sont tous incroyablement beaux. Les personnages principaux, Chris et Sheva, sont absolument magnifiques, leur modélisation est quasi-parfaite même si certains ont légèrement pesté contre les bras made in Dwayne Johnson de Chris. C'est aussi valable pour les antagonistes comme Wesker (devenu assez kitch avec son grand manteau en cuir digne de Neo dans Matrix) ou bien les Boss qui sont plus affreux les uns que les autres. On sent bien la volonté de Capcom de rendre hommage à tous les personnages de sa saga phare et de les rendre les plus beaux possible. Le même soin a été approtés aux zombis. Ces derniers sont criants de vérité et leur réalisation n'est pas en retrait par rapport aux personnages importants de l'histoire (comme cela pouvait être cas dans Resident Evil 4, par exemple).
Autre point de fort de ce cinquième opus : la mise en scène. Jamais Resident Evil n'a proposé des cinématiques aussi travaillés et aussi bien réalisés. On sent bien que le jeu prend d'avantages de libertés et n'hésitent pas à s'inspirer fortement des films d'action à grand budget. Alors évidemment, elles sont en totales opposition avec le gameplay car étrangement Chris et Sheva ne sont capable de prouesses physiques que dans les cut-scenes... Un choix étonnant. Regrettable même tant cela frustre le joueur. Mais revenons à la mise en scène de RE5 qui nous offre un spectacle détonnant pendant une bonne dizaine d'heures. Evidemment, l'accent est mis sur l'action et on sent bien que les développeurs n'avaient qu'une idée en tête : proposer un divertisemment détonnant et à couper le souffle. Pour cela, c'est clairement réussi. Cependant je trouve assez dommage de voir que le jeu délaisse complètement l'horreur. Après tout, c'est quand même l'origine même de cette saga et on a l'impression, en jouant et en regardant RE5, que l'horreur n'est plus qu'un simple habillage... un simple background que le jeu se doit de respecter pour mériter son titre de Resident Evil.
Mais n'était-ce pas déjà un peu le cas avec Resident Evil 4 ? Justement, cela nous permet de passer au problème majeur de ce cinquième opus : sa troublante ressemblance avec son ainé.
Eh oui, voilà le plus gros problème de Resident Evil 5 : sa troublante ressemblance avec son prédécesseur. Le terme ressemblance n’est pas suffisamment fort pour parler du lien entre les deux opus. Resident Evil 5, bien malgré lui, reprend énormément à RE4. Rien que le début du jeu, ou Sheva et Chris se font repérer par les autochtones infectés, fait clairement référence à scène ou Luis et Léon doivent repousser des hordes de ganados, le tout dans une simple cabane. Dans les deux moments, le joueurs peut empêcher les ennemis d’entrer par le biais de meubles en tout genre. Deux scènes beaucoup trop ressemblantes pour que cela soit une coïncidence.
Capcom sait parfaitement que les joueurs ont beaucoup aimé ce moment de tension dans RE4... Et ils le réutilisent dès le début de RE5 comme pour dire aux joueurs « Eh bien, vous voyez Resident Evil 5 c’est la même chose que le 4 mais en mieux ! ». Pareil pour le Gigante qui débarque (de nulle part me direz-vous, comme dans RE4) dans Resident Evil 5 et qui se limite à un bête shooter où l’on se contente de lui truffer le visage de plomb avec une énorme mitrailleuse. Le bestiaire même de Resident Evil 5 est un copié-collé de celui de Resident Evil 4, on retrouve les infestés, les chiens, les sortes de créatures ailés étrange, ou bien encore des gentils infectés armés de tronconneuse... Qui sont encore plus solide et coriace qu'avant. Sans parler d'un boss aquatique qui n'est pas sans rappeler un certain El Lago qui trainait dans un village perdu d'Espagne.
Evidemment on ne peut en vouloir à Capcom d'avoir voulu réutiliser les éléments d'un succès commercial et critique pour créer son prochain jeu. Le problème est la proportion. Car Resident Evil 5 ne se débarasse jamais de cette image de "Resident Evil 4.5", comme s'il n'était quu'n prolongement du jeu de base sorti sur Gamecube, quatre ans auparavant. C'est au final assez dérangeant car malgré mon envie de m'enlever RE4 de la tête, il m'est impossible d'y parvenir lorsque je joue a Resident Evil 5. Ce sentiment de déjà-vu est inoubliable. Et ce n'est pas le jeu à proprement parlé qui va nous faire le faire oublier... Malheureusement, RE5 reprend beaucoup trop d'éléments à son illustre prédécesseur. Pire, Resident Evil 5 se permet même de récupérer les défauts de son ainé, notamment avec une maniabilité qui était acceptable à l'époque GameCube mais beaucoup à l'ère de la PS3 et Xbox360. Surtout lorsque la concurrence se réveille et que des softs comme Dead Space et Gears Of War sont nés entre temps.
Alors oui je veux bien accepter la thèse du "choix" de gameplay pour Resident Evil 4, car c'était le premier volet en 3D, le premier volet action, le premier volet à faire évoluer la série et qu'il ne pouvait pas être parfait. Mais en 2009, sur PS3 et Xbox360, d'autres jeux ont montrés qu'il était possible de faire un TPS avec une maniabilité souple et réactive, ou votre personnage n'est pas un char Panzer de la seconde guerre mondiale ! Chris est lourd. Chris n'avance pas. Chris est aussi mobile qu'une armoire à glace et ne peut pas effectuer trop de mouvements sous peine de s'écrouler sous son propre poids... sauf dans les cinématiques où il se mue en combattant émérite à l'agilité féline.
Petite mention à la gestion de l'inventaire dans Resident Evil 5 qui est une catastrophe sans nom. Comme vous le savez, Resident Evil 4 avait introduit un personnage particulier, le Marchand, qui avait pour fonction de vous permettre d'Acheter ou de Vendre des armes, objets, trésors en tout genre. Ce dernier vous permettait d'ailleurs d'Améliorer vos armes. Il n'avait aucune justification scénaristique et sa présence ne s'expliquait que par l'importance qu'il avait dans le gameplay du jeu. Resident Evil 5 a réussi à faire pire. D'une part, l'inventaire étant limité à neuf cases (pas moyen de l'agrandir), cela pose forcément quelques soucis lorsque l'on essaye de récupérer un maximum d'objets pour être prêt en cas de coup dur. D'autre part, il n'existe plus de PNJ permettant de faire du commerce ou d'améliorer ses armes, cela se passe avant chaque début de chapitre ou bien après chaque Continue... Pratique, n'est-ce pas? Une belle regression à mon goût.
Resident Evil 5 est la parfaite représentation de "faire du neuf avec du vieux". Nouvelle réalisation, nouveau moteur graphique, nouveau effets de lumière, nouvelle mise en scène. L'habillage est neuf. Mais tout le reste est vieux. Tout ce qui concerne le gameplay est en retard et ne semble pas bien digérer le passage à la nouvelle génération de console.
Mais attention Resident Evil 5 ne se limite pas à une simple copie "ratée" de Resident Evil 4. Non il a apporté la nouveauté de gameplay qui a relancé l'intérêt de la série auprès des joueurs lassés... Une nouveauté de gameplay a qui RE5 doit son salut, sinon il aurait pu rejoindre une longue liste de gros jeux ayant échoués à la transition Old-Gen Nex-Gen.
Alors question simple : "C'est quoi le Survival Horror?" et là, vous me répondez : "Bah euh... c'est tout seul, dans le noir, avec peu de munitions et des montres super coriaces qui guettent le moindre de faux pas de notre part?" ET BIEN NON !!! Le survival-horror, c'est désormais un jeu de tir à la troisième personne (TPS pour les intimes) en coopération, avec des gros fusils et des hordes de zombis bien coriaces qui nous foncent dessus. Je rigole un peu. Mais c'est exactement ça. Resident Evil 5 a apporté le mode coopération dans la série. Que ce soit par internet, ou bien en local avec un écran splitté (d'ailleurs nous reviendrons sur cette petite plaisanterie de Capcom). Que dire? A part que c'est une très bonne chose, je ne vois pas. Alors que beaucoup de joueurs ont trouvé RE5 chiant et peu inspiré en solon, ces mêmes personnes ont souvent admis qu'elles avaient finis par prendre leur pied en refaisantle jeu en coop avec un ami.
J'étais moi-même sceptique sur ce fameux mode coop. J'avais la sensation que Resident Evil 5 perdait le peu d'âme qui lui restait. Mais étonnement, j'ai été surpris par la très bonne expérience. A croire que le jeu et ses mécaniques ont été pensés pour être jouer entre amis. Je n'en doute plus car en solo, le gameplay est vraiment bancal (que ce soit l'échange d'objet entre Chris et Sheva, ou bien l'intelligence artificelle de cette dernière), et en coopération, ces défauts disparaissent pour laisser place à un jeu bien mieux maitrisé. Le contraste entre l'expérience solo et coop est vraiment saisissant. Mais au final c'est une très bonne chose que d'avoir implémenté ce mode coopération dans RE5, cela lui permet d'enfin se distinguer de Resident Evil 4 et surtout de proposer une expérience de jeu complètement nouvelle pour les habitués de la saga. Ainsi, RE5 ne se limite plus à un simple RE4.5 mais bien à un nouvel opus avec de nouvelles idées et surtout une nouvelle optique pour l'avenir de la saga.
Allez avouez que vous aussi vous avez râlés ! Déjà que la maniabilité fait que l'on ne voit pas grand chose... mais alors avec cette moitié d'écran bouffé pour rien, alors là, on peut dire qu'on voit rien du tout quand on joue en coop. Quelle idée, sérieux !
Evidemment ça ne le sauve pas de tous ses défauts mais il n'empêche que le plus important lorsque l'on joue à un jeu vidéo, c'est le plaisir que l'on prend. Resident Evil 5 est chiant et mal foutu en solo, c'est une triste réalité, je pense même que c'est l'un des plus mauvais de la saga avec Resident Evil 3 (oui, je sais y a Nemesis et qu'il claque...). Pourtant, ce jeu mérite une certaine clémence. D'une part parce qu'il a quand même beaucoup de qualités (un contenu généreux, une réalisation qui arrache encore la rétine, une mise en scène très bonne) et d'autre part parce qu'il a amené la coopération et que cela a fait un bien fou à la série.
Je ne me suis jamais autant amusé dans un Resident Evil qu'en jouant en coop avec mes potes. Parce que malgré tout, on arrive à partager des moments d'angoisse lorsque la situation semble perdue, ou bien des moments de franche rigolade lorsque l'on frague du zombie à la pelle comme des vrais tueurs en séries. Ce ne sont peut-être pas les éléments que j'attends d'un jeu comme Resident Evil, je l'admets, mais il n'empêche qu'au final, j'aurais pris énormément de plaisir entre pote à faire et refaire Resident Evil 5.
Rien que pour cela, Resident Evil 5 ne mérite pas d'être à ce point détesté.